Lucien CLERGUE expose "les gitans et leur prince José Reyes"
Je laisse la parole à Jean-françois Dreuilhe pour son exposition des photos de Lucien Clergue et je les remercie tous les deux pour l'hommage qu'ils rendent à mon père José Reyes. Canut
"Les Gitans et leur Prince : Jose Reyes"
Photographies et collections de Lucien Clergue
"Lucien Clergue, photographe du midi, donne la place aux Gitans.
Il les reconnait comme faisant partie des gens de sa terre." Tony Gatlif
Photographies et collections de Lucien Clergue
"Lucien Clergue, photographe du midi, donne la place aux Gitans.
Il les reconnait comme faisant partie des gens de sa terre." Tony Gatlif
L'histoire de Lucien Clergue avec les gitans remonte à la genèse de sa photographie. Installé dans la Quartier de la Roquette après les bombardements, ils seront clients du commerce de sa maman. José Reyes était leur voisin. En 1955, Lucien Clergue prospecte lors du pèlerinage des Saintes pour Francis Héritier qui souhaite enregistrer un disque. C'est la rencontre avec Manitas de Plata. Quelques années après lors d'une exposition au Musée d'Art Moderne de New York en 1961, quelqu'un est venu demander à Lucien Clergue s'il connaissait Manitas de Plata et s'il était dans les photos exposées, il l'était, et la personne lui dit "je lui ai écrit et il ne me répond pas". Clergue lui réponds "et pour cause il ne sait ni lire, ni écrire, donc si vous voulez, je peux servir d'intermédiaire." Rentré à Arles, il demande à José Reyes qui était le cousin de Manitas de l'amener chez lui. En 1963 le Américains sont venus faire un enregistrement, Lucien Clergue est devenu le conseiller artistique, les tournées triomphales aux Etats Unis puis à travers le monde se sont succédées avec les rencontres extraordinaires de Dali, Picasso, Reichenbach, Chaplin, Jeanne Moreau, Brigitte Bardot et tant d'autres.
Lucien Clergue a photographié les gitans alors qu'il avait déjà commencé la série des Saltimbanques. Influencé par la période rose de Picasso et par l'Orphée de Jean Cocteau, Lucien Clergue se posait alors comme metteur en scène d'une enfance dans les ruines d'Arles. C'était une photographie conceptuelle bien avant l'heure. Avec les gitans, et particulièrement lors du pèlerinage de 1955, il va photographier les vrais saltimbanques qui venaient aux Saintes pour rejoindre leur famille et célébrer Sainte Sara. Ce lien avec la réalité lui a permis d'aller vers une photo plus directe et correspondant beaucoup plus à la photographie telle qu'elle se pratiquait, et se montrait à l'époque.
L'exposition dans les Salles de l'Archevêché est donc consacrée au monde Gitan. Et nous avons choisi de placer en son centre le Gitan Arlésien le plus charismatique : José Reyes. Les photos de Lucien Clergue permettent de partir de la rue Genive, à Arles pour aller à travers le monde "payo" en passant par la maison de Charlie Chaplin, le Royal Albert Hall, ou les bords d'étangs camarguais. Mais au-delà des photographies, l'association "Lucien Clergue en Pays d'Arles" a choisi de montrer combien les collections de Lucien Clergue sont riches diversifiées, et combien elles sont précieuses sur ce thème puisque les gitans vivent le présent et ne gardent rien du passé. Canut Reyes et l'association "Le monde de José Reyes" ont apporté une contribution rare celle de la mémoire orale, des photographies de Claude Meslin, ainsi que quelques objets contemporains.
"Jose Reyes (1928 – 1979) était le dernier à savoir le flamenco profond, que les jeunes générations ont oublié. Avec lui c'est tout un pan de la gloire gitane qui a disparu. Qui saura encore lancer ces saetas, ces martinetes, ces soleares, ou ces fandangos grandes, et cette nostalgique taranta ?
Certes, ses fils le perpétuent et forment un ensemble remarquable auquel il a insufflé la flamme ancienne, mais personne ne pourra remplacer cette élégance de la race "calé", cette manière si délicate qu'il avait de triturer la phrase dans sa gorge et jusqu'au fond de son corps pour en sortir ces mélodies venues du fond des âges."
Lucien Clergue (Le Provençal, 7 juin 1979)
Le commissaire de l’exposition : Jean-François Dreuilhe.